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temps qu’elle trouve une correspondance de bordeaux vers St Médard…

La magie de la nuit opérait alors. Nous remisions la voiture dans un coin, on ouvrait rapidement les lits, on déchargeait les affaires les plus urgentes, laissant les subalternes dans le coffre pour le lendemain. Le vieux réfrigérateur Brandt se mettait tout de suite au travail avec son transfo de 220 volts, car cet appareil ne fonctionnait à l’origine que sur 110 volts…

Notre chat se lovait immédiatement sur son lit attitré. Il était magnifique ce siamois sur sa couverture bleue. Jusqu’au bout de sa vie, c’est à dire durant dix-neuf années, il ne dérogea jamais à ses habitudes Andernosiennes.

Pendant que mon épouse oeuvrait aux tâches ménagères, ma fille et moi-même allions ramasser du bois, car une grillade était programmée. Nous glanions le long du long passage, les branches mortes de la haie de sapinettes, ainsi que celles des pins et chênes dont le sol était jonché.

Dans le noir le plus total, j’allumais le feu à même le sol, car le foyer n’était constitué que de deux pierres soutenant le gril.

Il faisait bon, la nuit était calme et le fumet de la viande ensorceleur. Dans les alentours on entendait les pas furtifs, sur les feuilles sèches, des hérissons en recherche de nourriture. Nous avions la vie devant nous avec tous ses espoirs et toutes ses incertitudes...   A l’aide d’une lampe de poche j’observais l’avancement de la cuisson. Je retournais prestement le gril et il n’était pas rare que des bouts de charbons de bois restent accrochés à la viande. Mais ce n’était pas grave, on raclait et l’on savourait le succulent morceau de bœuf. La même grille servait aussi à faire cuire le poisson, de magnifiques mules au prix imbattable à l’époque, à contrario